Les décoctions
- Gwen
- 3 déc. 2018
- 4 min de lecture

La racine
La racine doit être découpée le plus finement possible afin d’augmenter la surface de contact avec l’eau. Pour les racines fraîches (racines de grande aunée ou valériane par exemple), vous pouvez utiliser un couteau de cuisine et les découper en rondelles très fines.
Si les racines sont sèches, elle seront quasi-impossible à couper finement. Il faudra donc les pulvériser. Lorsque que vous avez une grande quantité à pulvériser, utilisez d’abord un blender pour les couper grossièrement, puis je passe au moulin à café.
Si vous nécéssitez d'une petite quantité, passez directement au moulin à café ou un hachoir électrique.
CONSERVATION : Toute racine de qualité doit être automatiquement gardée en tronçons afin d’éviter trop de surface de contact avec l’air (l’air entraîne au long terme une oxydation de la plante).
L’eau :
Idéalement, l’eau doit être la plus pure possible, sans sédiments ni excès de calcaire (ce qui parfois précipite certains composants et les rend moins disponibles). De l’eau distillée ou de l’eau de pluie est idéale. Vous pouvez aussi acheter une eau minérale avec un taux bas de résidu à sec, une information disponible sur l’étiquette à l’arrière de la bouteille. Comparez plusieurs eaux et voyez celle qui à le moins de résidus.
D’une manière pratique, je réalise que nous n’avons pas toujours une telle eau sous la main. L’herboristerie pratique nous dit ceci : il vaut mieux utiliser les plantes d’une manière non-optimale, avec ce que l’on a sous la main, que de ne pas les utiliser du tout.
Alors si vous vous retrouvez coincé et que vous avez besoin de vous faire une décoction, n’hésitez pas à utiliser l’eau du robinet en attendant de pouvoir vous procurer une eau supérieure.
Le récipient :
Le seul récipient pratique pour réaliser une décoction est une casserole en inox avec couvercle.
Je mentionne tout de même au passage qu’en médecine chinoise, les préparations de décoction se font dans des cocottes en terre cuite et non dans de l’inox, ce dernier pouvant altérer les propriétés énergétiques des plantes.
La décoction thérapeutique :
Le but de la décoction est de ramener l’équilibre à la personne qui a un problème de santé. Il y a donc un effet thérapeutique attendu, et cet effet dépend souvent de la quantité de plante utilisée. Les vieux écrits datant de l’époque où docteurs et pharmaciens prescrivaient les décoctions nous indiquent les poids de plante à utiliser.
Des ouvrages en Français tels “La phytothérapie” du docteur Jean Valnet vous fournira aussi les quantités de plantes à utiliser en décoction.
La quantité de plante à utiliser dépend aussi des traditions des différents pays. Voici les quantités que je recommande pour la plupart des plantes, sachant que certains ouvrages pourront mentionner d’autres quantités. Notez aussi que ces quantités peuvent varier lorsque l’on parle de certaines plantes en particulier.
Quantités de référence :
Entre 25 g et 50 g de plante sèche pour un litre d’eau
Quelle quantité choisir dans cette fourchette ? Cela dépend de la plante et de votre sensibilité à la plante. Pour une plante inoffensive comme la bardane, 50 g de racine sèche par litre. Si l’on parle de racines de patience, une quantité largement inférieure sera efficace.
Vous m’avez aussi vu écrire la chose suivante dans mes différents articles : s’il y a une bonne association plante-personne-condition, la plante fera son effet quelle que soit la quantité utilisée.
J’ai pu valider cette règle de nombreuses fois, et elle s’applique aux teintures mères aussi bien qu’aux décoctions. Pour une teinture mère, si la plante est bien choisie, 10 gouttes auront autant d’effet que 50 gouttes. Il en est de même pour la décoction, que l’on en boive une petite tasse ou un grand bol, que l’on mette une cuillère à café par litre ou 50 grammes.
L’art est donc de bien associer la plante à la personne, au terrain et à la condition, chose qui est loin d’être facile. Il faut du temps pour en arriver là, et en attendant, je vous conseille de suivre les quantités et doses recommandées dans vos ouvrages de référence.
Technique de décoction
Préparez la bonne quantité de plante et d’eau. Sauf si indiqué autrement dans vos ouvrages de référence, utilisez les quantités de référence indiquées ci-dessus dans le chapitre “la décoction thérapeutique” ;
Placez la plante dans une casserole en inox ;
Versez l’eau froide par dessus et placez un couvercle sur la casserole ;
(Optionnel) Laissez macérer quelques heures la plante dans l’eau froide ;
Faites chauffer la casserole tout doucement jusqu’à amener le liquide à ébullition ;
Lorsque l’eau commence à bouillir, réduisez le feu et laissez frémir pendant 15 minutes. Si la plante est très dure et fibreuse, laissez chauffer un peu plus longtemps. L’expérience vous apprendra à ajuster cette durée par rapport à la plante.
Eteignez le feu. Si vous désirez ajouter des plantes à infuser dans cette décoction, ajoutez-les maintenant.
Exemple : vous avez fait une décoction de racines de pissenlit, et vous désirez mettre des feuilles de pissenlit à infuser pour accentuer l’aspect diurétique du mélange, disons pour un cas d’hypertension essentielle ;
Pressez le marc du mieux que vous pouvez,
Laissez refroidir en dessous de 40°C et filtrez grossièrement à la passoire. Si vous désirez filtrer plus finement, vous pouvez utiliser un filtre à café ;
Lorsque le liquide refroidit, certains composants solubles dans l’eau chaude peuvent commencer à précipiter et peuvent donner à la décoction un aspect désagréable visuellement. Ne vous inquiétez pas, ceci n’affecte aucunement les propriétés médicinales de la décoction.
Les plantes de Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) sont en général pulvérisées très finement. Je trouve que pour ces plantes-là, filtrer ne sert pas à grand chose, sauf si l’on utilise un filtre à café. De plus, pour ces plantes là, il est souvent conseillé d’absorber la poudre avec la décoction. C’est de cette façon que je recommande l’astragale de Chine par exemple (Astragalus membranaceus).
Conservation d’une décoction
Préparez la quantité de décoction nécessaire pour une prise ou pour une journée. N’en faites pas plus car la décoction ne se garde pas très longtemps. Dans l’idéal, gardez-la :
12 heures à température ambiante ;
24 à 36 heures au frigo (elle se garde légèrement plus longtemps que l’infusion)
Jetez la quantité restante.
La décoction se conserve mal car :
Le solvant lui-même (l’eau) n’a aucune propriété de conservation (contrairement à l’alcool ou à l’huile) ;
Certains composants extraits de la plante comme les mucilages et gommes vont fermenter relativement vite. On se souviendra du fait que les bactéries en raffolent (d’où son utilisation pour nourrir notre flore intestinale) ;
Les minéraux ionisés et en solution vont commencer à se précipiter au bout de quelques heures, rendant ces minéraux peu disponibles.
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